Voilà plus d’un an que la polémique enfle : le Palais de la Plage, bâtiment quasi centenaire trônant en face du Larvotto a été détruit sans tambour ni trompette, et surtout sans réel plan de reconstruction. Dès lors, le trou béant laissé par ce coup de rapière dans le patrimoine monégasque gît telle une cicatrice prenant le soleil face à la mer. Si un tout petit cénacle avait jusqu’alors eu vent des vicissitudes immobilières de ce projet, nos sources contradictoires sont parvenues à déterrer le lièvre qui bloque les hypothétiques avancées : sous le Palais, la plage, et sous la plage, la tombe d’un homme célèbre : celle de Denis Diderot.
Des travaux au point mort
Le célèbre philosophe français est mort en 1784, et sa dépouille fut inhumée à l’Église Saint-Roch. Malheureusement, les affres de la révolution passant par là, les tombes de Saint-Roch seront profanées, et le cadavre du philosophe sera perdu, sauvagement jeté dans la fosse commune avec les autres corps de la plèbe. Enfin, c’était ce que les historiens supputaient avant l’incroyable découverte sous les bas-fonds du Palais de la plage.
Les archives de la Bibliothèque Louis Notari nous ont appris qu’avant ce magnifique édifice se trouvait une très vieille chapelle. Ce qui expliquerait grandement pourquoi les ouvriers ont découvert une série de 24 pierres tombales en creusant les fondations. Évidemment, les excavations furent immédiatement stoppées, et une commission d’expert fut dépêchée en secret pour analyser cette exhumation archéologique aussi génante qu’inopinée.
L’arche d’alliance philosophique
Notre stagiaire-interviewer a pu entrer en contact avec le Docteur Jones, un des spécialistes en provenance de l’état de l’Indiana, intervenu sur la zone récemment. « Les datations au carbone 14 ont été concluantes. Les pierres tombales sont des œuvres d’art à elles seules. Pour la Principauté, cette découverte, c’est un peu comme si l’on avait exhumé l’arche d’alliance… » Le professeur Jones nous a ensuite expliqué pourquoi, parmi les dépouilles, il tenait la certitude que se trouvait le corps de Denis Diderot. « Principalement à cause de la citation sur la tombe “Tous les gueux se réconcilient à la gamelle.” Tirade célèbre du philosophe, en provenance du “Neveu de Rameau” si je ne m’abuse. Je ne veux pas m’avancer, mais il est probable que nous ayons résolu un des mystères de la Révolution… »
En attendant que la situation se débloque, c’est le groupement de la défense du patrimoine monégasque continue de se ronger les os.