Force est de constater que depuis le début de l’année, les relations franco-monégasques sont agitées de mini-crises diplomatiques à répétitions, les élus français prenant un malin plaisir de pointer du doigt les « largesses » des Monégasques, qui ont de plus l’outrecuidance de laisser leurs restaurants ouverts. Politiciens, mais aussi journalistes, nombreux ont pilorié la Principauté dans une vaine tentative d’expliquer le cluster géant qu’est devenu la ville de Nice, obligeant le Conseil National et le Gouvernement rétorquer à grand renfort de chiffres et de détails, calmant ainsi tout ce beau monde, pour le moment. Mais ce débat a fait ressortir un point important, voire primordial : la France considère-t-elle la Principauté de Monaco comme un état souverain ?
La question elle est vite répondue
En droit international, évidement que la Principauté est un état souverain plein et entier, et qu’accuser ainsi la Principauté, c’est la même chose que de pointer du doigt l’Italie ou l’Allemagne. Monaco a son drapeau, son hymne, son chef d’État, sa constitution, bref le starter pack complet du pays qui peut être considéré en tant que tel. Et pourtant, tel n’est pas le cas, car aucun journaliste ou politicien français ne se serait amusé à lancer des attaques aussi cinglantes contre l’Allemagne ou l’Espagne comme cela été fait contre Monaco à une heure de grande écoute. Ce traitement différent s’explique facilement. Les larges connexions avec la France, l’union douanière, la monnaie, la TVA, ou les nombreux hauts fonctionnaires français en place en Principauté, cela donne le droit à certains de considérer la Principauté comme un sous-état imbriqué dans la France, qui jouirait de pas mal de privilèges, et sur lequel on peut déverser fiel et clichés hasardeux.
Ressusciter le Monégasque
Les communiqués du 23 février dernier ne sont que les prémices de l’offensive de grande envergure que prépare le Conseil National sous la bannière « Monaco, ce pays ami, mais étranger ». Et la mesure phare des prochaines propositions de l’hémicycle serait de redonner toutes ses lettres de noblesse au Monégasque. L’idée est simple : ressusciter cette langue morte, pour en faire d’ici 2030 la locution officielle de la Principauté. Les implications étant complexes, la réintroduction du Monégasque se fera par petites couches. Tout d’abord, faire du Monégasque la LV1 au bac pour tous les étudiants des établissements de Monaco, avant l’anglais ou le chinois. Mais ensuite, tous les prix devront être affichés en Monégasque, ainsi que le nom des rues et des bâtiments historiques. Enfin, les futurs candidats au permis de conduire passeront un examen intégralement en Monégasque. Voilà de quoi immerger la population dans une nouvelle ère, et marquer le coup auprès du voisin français, pour qu’enfin, nous soyons enfin considéré en tant que tel !