Comme chaque année vers la rentrée des classes, la Principauté participe massivement à cette grande manifestation européenne que sont les journées du Patrimoine. Massivement, parce que fort nombreux sont les établissements publics à ouvrir leurs portes à cette occasion, tels que le Conseil National, la Mairie de Monaco, le Jardin exotique… Le ministre d’État a même honoré la population en laissant libre accès à son humble demeure. Massivement aussi, parce que nombreux sont les Monégasques et les résidents à se presser dans ces lieux normalement interdits au commun des mortels, certains en profitant pour faire leur pèlerinage annuel dans telle ou telle bâtisse fort à son gout. Cependant, il s’avère que des édifices sont restés clos, au grand dam des visiteurs, pourtant avides de découvertes.
Un lieu désormais culte pourtant oublié.
Dimanche matin, alors que retentissait les cloches de la Cathédrale de Monaco, signalant que la journée entrait dans sa dixième heure, la foule des curieux se massait sur la place du Palais, attendant que s’écartent les huis afin d’aller explorer les grands appartements de la demeure princière. Mais à quelques encablures à vol d’oiseau, un petit groupe de badauds prenait son mal en patience devant le Starbuck, espérant qu’on leur ouvre les portes de leur objectif en ce jour du Seigneur : la visite intégrale du complexe si célèbre des Jardins d’Apolline. Alerté par cette foule grondante, notre stagiaire s’est rendu sur place pour recueillir les témoignages de ces Indiana Jones de la Roca, qui avaient tous déjà prévu un programme extrêmement bien établi.
Une visite pourtant enrichissante.
Leur « Jardin d’Apolline tour » commençait évidemment par la traversée du parvis qui sert de zone de grutage depuis plus d’un an maintenant. Puis visite du bloc C, dont les travaux sont les moins avancés, puis du Bloc A. Arrêt sur le toit pour visiter la fameuse « surélévation », et aussi contrôler l’avancée des travaux dans l’immeuble voisin de l’Hélios. Retour au pied des bâtiments, puis direction le Bloc D, et de l’appartement du seul résident réintégré il y a de cela une dizaine de jours. Et enfin, le périple de ces Benjamin Gates monégasques ne pouvait se boucler sans un passage dans les catacombes du bloc B, où loge la célèbre « Source d’Apolline », celle qui a beaucoup coulé avant de faire couler beaucoup d’encre.
Tant de belles choses si proches, mais si loin.
« On nous prive d’un pan entier du patrimoine monégasque » s’offusque devant notre micro Carole, une de ces visiteuses fortement déçues de ne pas avoir pu étancher sa soif de découverte. « C’était la meilleure année pour le faire?», s’insurge Peter, un autre malencontreux éconduit. « Effectivement, avec la fin des travaux, et le retour des locataires en 2020, ça n’aura plus du tout la même saveur » conclue Carole, pas en reste. « Ne vous inquiétez pas, je vais écrire au ministre, au Prince, et à Maitre Dupont-Davignon », peste Gertrude, une septuagénaire qui passait par là. Malgré nos nombreux appels, l’organisateur de cette manifestation n’a malheureusement pas souhaité nous répondre sur ce couac patent dans une journée pourtant si festive et conviviale.
*Tous les prénoms ont été modifiés pour ne pas nuire aux principaux intéressés.