Profitant d’un après-midi ensoleillé en Principauté et de la présence de la foire foraine, notre stagiaire s’est rendu sur le quai pour vagabonder au milieu des enfants ravis, des parents soucieux et des odeurs sucrées alléchantes. Pendant qu’il se laissait aller au péché de gourmandise, il aperçut au loin un jeune homme arborant sur son manteau quatre autocollants jaune fluo « Vainqueur Combat spatial ». Sentant le scoop à plein nez, il s’approcha du quidam alors qu’il faisait le fier-à-bras.
Un vainqueur prolixe
À la grande surprise de notre stagiaire, Alexis, 23 ans, accepta de nous donner la recette de son succès. « Je me suis toujours demandé si le lauréat était vraiment le meilleur mitrailleur ou s’il était nommé de manière aléatoire. » Nous a-t-il expliqué. « Je me suis alors installé sur un banc face à ce manège pendant deux jours pleins en notant à chaque tour le numéro du vaisseau vainqueur. Au début, rien ne paraissait suspect mais après plus de 220 joutes, j’ai réalisé que toutes les 73 parties, je recommençais la même série de nombres. Je me suis précipité chez moi pour passer le tout dans un grand tableau Excel. Et une heure plus tard, j’avais ma solution ! »
Mathématiques appliquées à la foire
Et c’est ce qu’Alexis s’est empressé de vérifier dès le lendemain. Après une heure d’observation, il a reconstitué la série de nombres, et il n’eut plus qu’à enfourcher le bon cheval, et le tour était joué. « J’ai poussé le vice à changer de machine après chaque victoire, pour valider ma théorie. Après 4 autocollants, j’ai mis un terme à mon expérience, qui est apparue fort concluante. » Cette révélation, issue d’une analyse mathématique des plus pertinentes, n’en pose pas moins un vrai problème pour le forain. Si les vainqueurs de son combat spatial sont désignés selon un algorithme, quid de la performance « sportive » du champion ?
Un forain en pleine tourmente ?
C’est d’ailleurs ce que nous avons demandé au forain en question, qui nous a expliqué que son manège est un grand habitué de la fête foraine monégasque depuis plus de vingt ans, que son succès n’est pas à démentir. Selon lui « ce ne sont pas trois gouttes de pluie, un peu de vent et une colonne de chiffres qui vont lui faire peur. Mon combat spatial, il en a vu d’autres ! » À ce titre, notre stagiaire s’en est donc allé scruter d’autres attractions qui pourraient être suspectes, tel que le carrousel, qui tournerait curieusement toujours dans le même sens, ou le palais des glaces, qui ne proposerait, d’après les utilisateurs, aucun cornet deux boules. Chose fort étrange, s’il en est…