Le pigeon du Louis II : « Des conditions parfois précaires »

Après un énième refus de Nabil Dirar de nous expliquer les bienfaits de Périscope en termes de communication avec les fans, nous avons décidé, dans le cadre de notre grand entretien du mois de février, de nous tourner vers un éminent supporter du cheptel monégasque, le plus fidèle parmi les fidèles. Et pour cause, lui et sa famille habitent en haut des arches du Stade Louis II.

M. Pigeon, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bonjour, je m’appelle Léon, je suis un pigeon Columba, comme la plupart de mes congénères qui arpentent les cieux et les rues de toutes les villes d’Europe. Ma famille et moi nous habitons du côté de Monaco depuis plus d’une vingtaine d’années, ayant nidifié le haut de la troisième arche du Stade Louis II, en partant de la gauche quand vous êtes face au port de Cap d’Ail. Je suis un fervent supporter monégasque dès lors, bien évidemment. Je n’ai pas de compte Facebook ou Twitter, mais j’y réfléchis fortement. Gazouiller pour un pigeon, quoi de plus normal ?

Quels sont vos principaux faits d’armes de supporter monégasque ?
Déjà, être encore en vie.
Oui, c’est ça. De ne pas avoir déménagé, et pourtant d’être toujours en vie. Je vous rappelle quand même ce que nous avons subi depuis plus de quinze ans : les frappes lunaires de Philippe Léonard, les missiles sol-air de Chevanton, les relances longues de Peter Hanson, Sebastien Puygrenier, Rabiu Afolabi, et plus récemment les boulets de Lucas Ocampos. Il n’y a que Valère Germain et ses balles molles, mais aussi Dimitar Berbatov et sa précision chirurgicale, qui n’en ont pas voulu aux oiseaux de Monaco.
Mais bon, ces derniers temps, quand je vois Wallace avec la gonfle dans les pieds, je mets mon casque et je prie Sainte Dévote.

En parlant des joueurs, globalement, les pigeons du Louis II, ont-ils un joueur favori ?
Nous parlons en période surtout. Nous avons apprécié l’épopée européenne de 2004, comme les supporters, je pense, mais pour des raisons différentes. Lorsqu’un Rothen, il centre pour Morientes, le ballon il lui arrive sur la tête et la tête, elle est cadrée ! On n’a pas besoin d’aller se planquer sous les sièges !
Nous avons beaucoup apprécié la période de 2013 avec le trident James – Dimitar – Valère, c’était précis, c’était beau, et nous ne craignions pas grand-chose.
De nos jours, quand Echiéjilé ou Helder Costa débordent, les centres finissent bien trop souvent dans les tribunes. Et si un joueur arrive quand bien même à reprendre un ballon de la tête, ça part n’importe où, avec ou sans rebond aléatoire sur un des montants qui finit par nous voler dans les plumes.

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Loger au Louis II pour un pigeon, c’est tout de même grand standing, non ?
Ça, c’est vous qui le dites. Parce qu’au Stade Louis, les conditions sont parfois précaires. Les arches, c’est la porte ouverte aux quatre vents. On prend la pluie et les intempéries sur la tête, quand ce n’est pas un drapeau qui vient nous claquer sur le nid.

Cela dit, la mer d’un côté, la pelouse de l’autre, des bateaux et l’horizon, ça offre de belles compensations non ?
La pelouse ? Vous êtes sûr ? Entre les engrais chimiques et les incantations quotidiennes des jardiniers pour qu’elle reste verte et fraiche, on n’est pas vraiment gâté de ce côté-là. Toute façon, on se venge comme on peut, à peine ils plantent les graines qu’on va les bouffer, ils peuvent toujours attendre que ça repousse.
Et puis il y a les athlètes qui s’entraînent et nous jettent des poids ou des javelots sur la tête.
Sans parler de leur machine diabolique qu’ils allumaient la nuit pour régénérer le terrain. Un jour, ils ont même fait tourner un hélicoptère sur la pelouse tout un après-midi. Pour l’aérer qu’ils disaient. Comment voulez-vous dormir tranquille ?

Pour revenir aux supporters, avez-vous une tribune favorite ?
Les jeunes pigeons préfèrent le Pesage, car il y a toujours quelques fonds de gobelets de bière sans alcool à terminer après les matchs. Et les vieux, comme moi, on adore les papys des premières qui font tomber des chips ou des miettes de pain. Je vais passer pour un gourmand, mais faut avouer qu’avec les saucisses qu’on a sur le terrain, ça met en appétit !

Que pensez-vous du retour de Bouba, la mascotte de l’ASM ?
C’est chouette. Avec sa grosse tête, il va offrir une cible de choix pour l’entrainement de nos jeunes pousses. Comme ça après, ils seront au top pour déféquer sur le crâne de Raggi ou d’un arbitre chauve.

M. Pigeon, en conclusion, comment percevez-vous la suite de la saison ?
Je ne voudrais pas jouer les oiseaux de mauvais augure, ce n’est pas le style de la maison. Mais je pense qu’on ne va pas roucouler tous les week-ends. On va gagner oui, on va finir second, certes. Mais si je devais parler de ce que je connais, ce n’est pas avec des jeunes buses dirigées par des vautours que ces pigeons de supporters se verront pousser des ailes à plus ou moins long terme.
À bon entendeur…

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