C’est une ouverture qui fait tousser jusqu’aux tailleurs londoniens de Savile Row : Shein, géant chinois de la fast-fashion, installera la semaine prochaine une boutique éphémère place du Casino, juste entre deux vitrines de haute horlogerie.
Une première mondiale que la marque présente comme « un hommage à l’élégance responsable et au shopping à empreinte carbone maîtrisée ».
Le plastique, c’est chic (et recyclable une fois sur cinq)
Le concept : une « expérience durable », où chaque t-shirt à 4,99 € sera accompagné d’un QR code indiquant le nombre d’arbres symboliquement plantés en Corée du Nord.
Les cabines d’essayage seront réutilisables, les sacs de course en « plastique végan », et la climatisation promise « neutre en CO2 grâce à un partenariat exclusif avec une usine de ventilateur de poche solaire située à Pékin ».
« Nous voulons prouver qu’on peut consommer à bas prix pour le portefeuille et pour la planète, et ce, sans culpabilité, surtout quand on ne regarde pas les étiquettes », explique le directeur Europe du groupe.
Un engagement social exemplaire
Shein assure garantir à ses vendeuses « une exploitation éthique, digne, dans un cadre climatisé et souriant », et également respecter « scrupuleusement l’article 6 du Code monégasque du travail ». Enfin, les employés bénéficieront d’une pause tous les deux jours, ou après cinquante essayages, selon la charte interne « Shein & Shine ».
« Les fouets resteront dans les cuisines du Café de Paris », rassure un responsable chinois, en expliquant ensuite que « les employés qui auraient du mal à s’acclimater à la rude concurrence capitaliste de la place du Casino se verront offrir un stage de gestion du stress dans une rizière participative au Tibet. »
Un parfum de polémique (et de solvants)
Du côté des boutiques voisines, l’inquiétude monte. « Entre un sac Hermès et un crop-top à paillettes en plastique, l’écosystème risque de ne pas survivre », souffle un commerçant de l’Allée des Boulingrins. Certains écolos de la place du marché seraient déjà en train de préparer des banderoles « Halte au greenwaShein ! »
L’Expansion économique insiste pourtant sur « une initiative d’ouverture textile contrôlée », et rappelle que la boutique sera démontée dans dix jours, ou au premier coup de vent d’indignation.