Après 174 jours d’intérim, la Principauté s’apprête enfin à accueillir un nouveau ministre d’État. Officiellement en poste à partir du 21 juillet, il n’aura pas le temps de faire des discours : sa to-do list est déjà prête.
Trois missions. Trois verbes. Trois épreuves initiatiques qui feront de lui un véritable chef de gouvernement, ou une victime de plus du Ministère-Labyrinthe.
1. Sortir les poubelles – Rallumer les flammes sacrées de l’incinération.
Premier objectif : réanimer le projet Symbiose, cette usine d’incinération intra-muros oubliée au fond d’un classeur depuis dix ans. Jugée trop ambitieuse, trop coûteuse, ou tout simplement trop odorante, elle avait été consciencieusement enterrée sous le règne du fichier « État.xlsx ».
Mais aujourd’hui, Monaco croule sous les déchets. Les sacs s’entassent, les rats montent dangereusement de niveau, et la Principauté, déjà en liste grise, flirte dangereusement avec le classement « Ville peu triée ».
Le ministre devra donc prendre la pelle et le briquet, et faire renaître Symbiose, ou, à défaut, tout faire cramer proprement afin de repartir sur des bases saines.
2. Faire le ménage – Traquer les forces obscures dans l’administration.
Depuis des années, des entités troubles rôdent dans les couloirs du gouvernement. Des sortilèges d’invisibilité couvrent certains fonctionnaires. Des convocations apparaissent en double. Et plusieurs commissions semblent présidées par des mages élémentaires de niveau A, voire des nécromanciens de rang « Monarque des Ombres ».
Mais pire encore : une rumeur persistante évoque l’existence d’un ancien culte tentaculaire, toujours actif, dissimulé au cœur de la place de la Visitation. Des archives en r’lyehien, des rituels à base de trombones noircis, et un mystérieux chef de section, C. Thulu, jamais vu en journée, dont la fiche RH semble se régénérer d’elle-même à chaque pleine lune.
Des moines-bureaucrates venus d’Italie auraient déjà été sollicités pour organiser la plus vaste opération d’exorcisme jamais menée en Principauté.
3. Dépoussiérer les priorités – Et remettre le centre commercial au centre du village.
C’est le chantier politique le plus sensible : redonner un cap visible, une ambition… et une galerie marchande.
Longtemps éclipsé par des priorités annexes (comme « redéfinir le périmètre juridico-ministériel de la courbe de probabilité budgétaire en Section II »), le rêve de recréer un centre commercial digne de ce nom refait surface. Le peuple veut du concret : des vitrines, de la clim, des escalators, un cinéma. Et un food court.
Le ministre aura pour mission de ranger les projets sans lendemain, souffler sur les archives, et réorienter la lumière du budget vers des priorités praticables. En un mot : centraliser la Terre du Milieu monégasque.
Un gouvernement qui fait le ménage… ou une fanfare d’exorcisme ?
Entre balai Swiffer, fichier Excel hanté et sac poubelle Symbiose, le nouveau ministre d’État entre dans une arène où la politique oscille entre ésotérisme ministériel et Donjons & Dragons budgétaire.
À lui de faire mentir les cyniques… ou de finir absorbé par les tentacules de l’administration.