Le panachage avec panache

La particularité du scrutin monégasque offre aux autochtones la possibilité de panacher son vote. Ce qui, dans un état de la taille du village des schtroumpfs où tout le monde connaît tout le monde, arbore une tournure très personnelle, certains prennent cela très au sérieux. Cette pratique unique en son genre est adoubée par tous, sauf les 3 listes de l’élection, que cela fait bien grincer des dents.

Une école de panachage.

C’est ainsi que pendant que les trois concouristes affûtent leurs armes et leurs arguments en vue des grands meetings qui auront lieu la semaine prochaine, d’autres Monégasques s’entraînent eux aussi, mais de façon plus clandestine. Un enseignement court et intense leur est même proposé, loin des regards, dans le but d’apprendre «?à panacher avec panache?».

Une formation d’intérêt général.

Nous avons ainsi rencontré Hervé, le responsable de cette formation, au fond de sa cave humide, située au premier étage des Jardins d’Apolline. Il nous parle sans détour du panachage, et du but d’intérêt général de son mouvement.

La Gâchette : Quel est votre programme, et vous le destinez à qui??

Hervé : Notre programme s’appelle «?le panachage avec panache?». C’est un programme court, avec trois soirées de 2 heures en moins d’une semaine. C’est intense, mais extrêmement bien rodé. Pour preuve, nous faisons cela depuis la présidence de Jean-Louis Campora. Il s’adresse à tous les Monégasques en âge de voter, et il est totalement gratuit.

En quoi consistent ces trois soirées alors??

La première phase se compose d’un long entraînement de mémorisation. Nos participants ont deux heures pour retenir l’ensemble des 72 noms qui constituent les trois listes. Une dictée finale est organisée, et seuls ceux qui font du 100 % peuvent passer à l’étape suivante. Les autres doivent tout reprendre depuis le début.

C’est assez drastique comme façon de fonctionner non??

Certes, mais le panachage est quelque chose de sérieux qui ne souffre d’aucune erreur possible. Imaginez si au lieu de mettre Jean-Louis Grinda, vous écrivez Jean-Patrick Grinda. C’est l’ensemble du bulletin qui est faux. Soit 24 votes en moins. Sur 7 000 électeurs, c’est considérable.

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Effectivement. Et donc une fois que les listes sont totalement apprises, que faites-vous??

Nous faisons des exercices de graphologie, afin que nos étudiants puissent coucher sur le papier clairement le nom des personnes qu’ils ont choisi sur l’espace extrêmement réduit à leur disposition. Cela prend une séance, voire plus pour certains. Et sur le temps restant, nous perfectionnons notre tracé, histoire de barrer proprement sans faire de vagues. C’est la partie la plus amusante, selon mes étudiants.

Vos étudiants justement, qui sont-ils??

Des Monégasques, évidemment. Des personnes soucieuses de respecter les spécificités uniques de ce scrutin si particulier. Des individus âgés, pour la plupart. Nous avons beaucoup de quinquagénaires, et au-delà. Et les jeunes qui nous rejoignent sont souvent leurs enfants.

Un dernier mot en guise de conclusion??

Vous savez, nous ne sommes pas très aimés, principalement par le Conseil national qui voit notre entreprise d’un œil mauvais. Du coup, la clandestinité nous oblige à fonctionner uniquement sur le bouche-à-oreille. Comme cela fait des décennies que nous enseignons de la sorte, c’est que cela ne va pas si mal. Par contre, vous n’auriez pas en rab des stylos de la Gâchette?? On manque un peu de moyen ces derniers temps. Les jeunes préfèrent boire du Panach’ plutôt que de venir apprendre à panacher. Du coup, notre financement à base de dons se tarit, et quelques stylos, ça nous aiderait bien…

 

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