La source d’Apolline : quid du véritable problème ?

C’est le tube de l’été ! Le fameux refrain attaqué en juin a coulé jusqu’à la rentrée sans discontinuer. Mais quand le reste du monde se trémoussait sur « Despacito », le petit peuple monégasque s’est suspendu à « Papa-bon-l’eau », au son du crissement caractéristique des packs de Cristaline. 10 % de la population monégasque était touché, donc le gouvernement a acté, le Conseil national a gesticulé, et le Prince a visité. Désormais, les gens vont déménager, et de nouveaux travaux vont commencer. Oui, mais au final, du problème, qu’est ce qu’on en sait ?
Sortant de la naphtaline et de l’huile de socca, la Gâchette a de nouveau enquêté…

Marcel Pagnol, en version HQE

Un matin, Papet, tel que l’on surnomme ce sympathique septuagénaire ayant demeure au bloc B des Jardins d’Apolline, découvrit de l’eau marron au fond de son godet. Cela n’avait rien à voir avec le doux breuvage des industries chères à Georges Clooney, car l’or bleu provenait directement de son robinet. La source d’Apolline était fichue. Puis la flotte redevint cristalline, et Papet se détendit. Un peu.

Mais l’histoire se répéta encore, et encore. Jusqu’à ce que de l’hydrolat jaillisse depuis le carrelage de sa cuisine. Eurêka, il était riche. Ce n’était pourtant que de l’eau, et elle n’était pas potable. Mais en sus, le mur du coin-repas prenait une teinte grisâtre par endroit, tâche qui n’eut de cesse de se développer. Et même après les travaux idoines sur la zone sinistrée par les services techniques compétents, les micro-champignons proliféraient sur ses cloisons. Allait-il en avoir assez pour les manger en salade ? Ou mieux, en omelette ? Sans parler de la porte de sa terrasse qui lui a chu sur l’occiput, ou de son système de ventilation qui fait plus de bruit qu’un concert des Tambours du Bronx en pleine fête de la musique.

Le petit Hugues Haulin, son neveu, l’avait prévenu : « Papet, si jamais ça coule encore marron depuis la robinetterie, mets l’eau dans une fiole et descend là au gardien. ». Papet n’avait pas oublié ces mots, et par une chaude matinée de juin, surpris dans sa douce par la couleur « terre de Rolland Garros » de sa flotte, il s’attela à la besogne, et repli une bouteille pleine d’un liquide terreux. C’est quand, une fois dans l’ascenseur, il croisa ses voisins avec le même genre de contenant dans la main, qu’il comprit que la chose était grave…

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D’une bouteille à l’autre

Car sa bouteille fit des petits : en un weekend, le branle bas le combat était déclaré par le gouvernement. L’eau était non potable. Les industries Cristaline furent mandatées dare-dare pour pallier à ce manque de boisson pour l’ensemble des 4 blocs, l’Administration des Domaines organisa une réunion urgente pour calmer les inquiétudes de la population. Mais cette histoire de fuites fuita, et le Nice Matin fit couler de l’encre par une Une assassine dénonçant cette situation abracadabrantesque. Le bouchon sauta, et un flot de réactions dégoulina avant même le déclin du jour.

C’est ainsi que nous vîmes deux éminences du Conseil National faisant un selfi devant les immeubles, pour montrer combien ils étaient attachés à ce problème, celui dont ils avaient ânonné, six mois plus tôt que la Haute Assemblée n’avait pas vocation à gérer les tubulures. Un petit plombier moustachu, casaque bleue, toque rouge, et bedaine en avant, fut aperçu non loin du Starbuck, un spécialiste des tuyaux et des champignons, parait-il. Il fut renvoyé manu militari par les préposés de Noaro, probablement enfermés dans le même local humide que ceux de la Satri, les premiers à avoir traité du sinistre.

Le Prince lui-même se fendit d’une missive demandant à toutes ses forces gouvernementales de faire le nécessaire. Le ministre d’État réuniona, les fonctionnaires s’activèrent, et la bouteille marron de Papet fit des émules : la valse des packs de cristaline pouvait commencer sur la promenade Honoré…

Quel problème, pour quelle solution ?

Papet ne perd pas espoir. La source d’Apolline coulera très bientôt, comme à ses plus belles heures, et il fera à nouveau bon vivre à l’ombre du jacaranda, non loin des mélèzes ou des cèdres. En attendant, la petite Manon va devoir déménager, et verra son logis démonté, démoli, gratté, transformé, rebâti, et l’optimisme demeure pour qu’il soit à jamais réparé. Pendant ce temps-là, Papet est devenu un vrai assidu des réunions de l’association des résidents, surnommée « les sinistrés de la source », et il sait tout sur tout. Qui est parti, qui paye moitié prix, qui a un CHC, qui va acheter de la socca au marché… Cependant, un mystère gîte : que s’est-il passé à la source d’Apolline ?

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Des experts ont été mandatés, et cherchent encore. Le sous-traitant du sous-traitant qui a sous-traité aurait-il usé de tuyaux soudoyés sous le menton dans la rade de Vintimille ? Les marmottes qui pédalent pour faire tourner le mélangeur d’eau chaude seraient-elles à l’origine des dépôts terreux qui se sont sournoisement insinués au cœur des canalisations ? Ou bien alors est-ce le revêtement isolant, à base de fibre de bois, boirait-il plus de flotte que le père Soubeyran enquillerait de limoncello au petit bar de la place du Marché ? Les champignons issus des gaines de climatisation sont-ils vraiment impropres à la consommation ?

Mais Papet ne désespère pas de savoir. Un monsieur Apolline a été mandaté pour aider les habitants à déménager. Pour sûr, cet homme de haute stature est surement autre chose qu’un simple vendeur de barbajuans. Tout va être fait pour que cela se passe pour le mieux, le Prince l’a promis, le gouvernement s’est engagé, et même le Conseil National s’est affiché.

C’est pour cela que Papet s’habille avec son plus beau veston de cérémonie, pour aller tout à l’heure participer à la procession qui ira d’Émilie Cookie jusqu’à la loge des gardiens, et qui au son des ukulélés, tentera de bénir la source d’Apolline afin qu’elle retrouve son lustre d’antan. Car telle est la volonté du gouvernement princier : envisager toutes les solutions possibles pour résoudre ce problème. Même celles que personne n’a encore envisagées…

2 commentaires

  1. C’est vraiment une horreur de vous lire, vous abusez de l’humour et on ne comprend rien à ce que vous dites !

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